05/07/2020

Les systèmes agricoles tunisiens reconnus au patrimoine agricole mondial

Les systèmes culturaux en ramli dans les lagunes de Ghar El Melh et ses jardins suspendus de Djebba El Olia ont été reconnus comme Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), une appellation gérée par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il s'agit de la deuxième reconnaissance SIPAM pour un site tunisien après les oasis de Gafsa en 2011. Les deux sites reflètent des liens étroits entre les champs cultivés, l'écosystème naturel et la faune et la flore locale tout en faisant la promotion du savoir traditionnel et de la protection de la biodiversité. Leur reconnaissance en tant que SIPAM encouragera les communautés locales à continuer à en prendre soin et à protéger leur patrimoine pour les générations futures.

Les ramli, dont le mot signifie "sur le sable", sont des pratiques agricoles qui consistent à cultiver sur des supports sableux. Uniques, non seulement en Tunisie mais à l'échelle mondiale, ces jardins ont été créés au 17ème siècle par la diaspora andalouse pour pallier au manque de terres cultivées et d'eau douce. Ces pratiques ingénieuses sont basées sur un système d'irrigation passif où les racines des plantes se nourrissent grâce à l'eau de pluie maintenue à la surface de la mer suite par l’ondulation des vagues. Le savoir traditionnel préservé sur plusieurs siècles permet aux agriculteurs de maintenir de larges parcelles de lagunes grâce à une quantité précise de sable et de matière organique qui font en sorte que les cultures atteignent une taille adéquate et qu'ainsi les racines soient irriguées avec de l'eau douce. Les haies d'arbres fruitiers et de buissons sur la barrière de la lagune protègent les parcelles cultivées du vent et des embruns, favorisent le ralentissement de l'évaporation et améliorent le sable. Un système doté de tellement d'atouts rend possible la culture agricole tout au long de l'année sans avoir besoin de recourir à un approvisionnement en eau artificiel, et ce, même lors des périodes de sécheresse. Aujourd'hui, la pêche et l'agriculture sont les principales activités de subsistance dans la zone. Les fermes de Ghar El Melh sont relativement petites (80 % d'entre elles font moins de 5 hectares) et produisent principalement des pommes de terre, des haricots et des oignons sur ramli.

Nichés sur les hauteurs du Mont el Gorrâa et formant un système agroforestier unique, les jardins de Djebba el Olia ont également été reconnus comme SIPAM. Les jardins sont constitués de parcelles cultivées sur des terrasses issues de formations géologiques naturelles ou construites de pierres sèches. Renforcés par un système d'irrigation efficace, les jardins suspendus sont des exemples d'agroforesterie innovatrices et résilientes qui satisfont aux besoins alimentaires des communautés locales tout au long de l'année.

L'ajout de deux sites tunisiens porte le nombre total de SIPAM dans le monde à 61 à travers 22 pays. Ce programme de référence de la FAO souligne la manière unique dont les communautés rurales ont, au cours des générations, réussi à maintenir la sécurité alimentaire, des moyens d'existence viables, des écosystèmes résilients et des niveaux élevés de biodiversité tout en contribuant à la formation de paysages remarquables. 

Système agricole de Ramli dans les lagunes de Ghar El Melh, Tunisie – photo Abdelhakim Aissaoui / FAO
FAO

 

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